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vendredi 24 octobre 2025

Dernier mois d'automne 97 à Fleury.

Vignes et moulin en automne. Diapo François Dedieu. 
 

Samedi 15 novembre — Magnifique journée d'automne. le vent est absent, les feuilles encore sur les plantes prennent des tons mordorés, le tapis de feuilles mortes attend sous la rosée matinale un balai qui ne viendra pas, notre soleil méridional darde ses rayons sur les vignes aux coloris divers et un village à la fois lourd de son passé historique bien que tourné vers l'avenir. Songeur sur l'automne, j'entends des coups de marteau lancinants depuis la maison d'Emilienne devenue depuis peu le siège de “ Fleury Immobilier ”. Le “ marteleur ” doit mettre à bas quelque pan de mur à coups de burin, c'est que la maison a dû jadis souffrir de la présence des vaches, du fumier, du purin. 

Fleury, fête patronale de la Saint-Martin 1990. Photo François Dedieu.

Les jours de fête ont été bien tristes, comme tu peux l'imaginer; les forains ont eu quand même du monde le 11, le concert traditionnel a été remplacé par un récital de chansons dont je n'ai eu aucun écho, vu les circonstances je ne suis allé ni au Monument aux Morts, pas plus qu'au vin d'honneur offert par la municipalité. La mort rôdait dans les parages et elle exige calme et recueillement. 

Je suis passé au cimetière puis à notre maison natale. Quelques lettres de condoléances sont arrivées : de Marinette Founau, la femme d'Adrien, depuis peu avec son mari dans une maison aux environs de Béziers, après Salvaing ; de leur fils Henri, le docteur, déjà veuf ; de Lucienne Pujol, veuve de Roland neveu de l'oncle Noé, de Salvador et Cécile Pérucho de Fabrezan. 

17 h 30. Nous revenons de la mer, le coffre plein de bois. A la fin de la première mi-temps contre les Springboks, nous en étions à 19 - 15 ; le temps de rentrer au village, ils nous menaient 29 - 15, une étrillée ! Heureusement nous avons assisté au sursaut tardif des nôtres et avec trois essais, nous ne perdions que de quatre points... Si les deux transformations eussent été réussies, c'était 36 - 36. l'adversaire était redoutable et après tout, ce n'est qu'un jeu...

Il y a un moment, le haut-parleur du manège appelait les enfants pour le prochain tour (3), mais tout est redevenu bien calme, en attendant demain après-midi, sans doute, pour quelque supplément dans la caisse. Lundi, le démontage va sans doute commencer, la ronde incessante des gens du voyage se poursuivant traditionnellement par la fête de Murviel. 



Je t'ai photocopié le texte d'origine du « Doublidaïre » en orthographe languedocienne. 

Nous avons été heureux de savoir que la “ pluie des mangues ” avait réjoui le cœur des Mahorais, et que les restrictions d'eau ne seraient plus qu'un mauvais souvenir (4). Laeti et Pierrot ont bien reçu tes mots, tes fleurs et ta page de tchèque. Tu t'en sors bien dans cette langue difficile, pour ne jamais l'avoir étudiée !   

Avec tous ces tristes événements mes travaux de peinture ont été suspendus [...] à condition de ne pas attendre trop longtemps quand même ! (5) Le “ bleu séraphin ”de Corona est mon ancienne couleur, maintenant j'ai pris “ bleu glacier ” de Valentine.

Les bolets et les crabes devaient être bien savoureux. La pêche de ces derniers est donc interdite pendant la période de reproduction. Il serait en effet dommage de les voir disparaître. 

(mentions à la main) Mardi 18 /XI. Encore un coffre de bois à St-Pierre. Temps gris aujourd'hui : on en profite pour se faire vacciner contre la grippe. La place du Ramonétage s'est vidée dès hier. 

Tendres embrassades, François Dedieu 

Jean-François, jen par slov. Venku prsi ale zima neni, pry rostou houby. (seulement quelques mots. Il pleut mais il ne fait pas froid, les champignons devraient pousser). Maman Jirina. 

(3) la fête foraine s'installait alors sur la place multiple du Ramonétage.  

(4) ce qui depuis n'a pas été le cas? Dernièrement, les coupures pour manque d'eau sont passées de deux jours sur trois à trois jours sur quatre... (oct. 2025).  

(5) Aïe ! faudra bien que je m'y mette, à âge égal, trois décennies plus tard...    

jeudi 23 octobre 2025

Miscellanées d'automne

 « Fleury-d'Aude, le 13 novembre 1997 »

La lettre démarre avec la fin d'une tante qui songeait la veille à une qui avait eu la chance de mourir dans son sommeil. Elle, ne s'est pas réveillée. Rapprochements avec l'âge, le décès du père juste trente ans avant. Obsèques, église, enterrement... 

Papa n'écrit que d'un œil pour cause d'hémorragie. 



Plage jonchée cette fois sans troncs à l'image. 


Sinon, les grands aiment aussi jouer aux cabanes des petits grâce au bois flotté... 

Beaucoup de bois sur la plage, ramonage avant la mauvaise saison, beaucoup de fleurs sur la tombe, mon chien Dionysos mort, empoisonné par le pizzaïolo voisin, sans cœur, sans-gêne, obsédé par les rongeurs (ces derniers détails ne relèvent que de moi).  

Sauf que la barque de la vie divague vers l'irrévocabilité du destin, sans laisser de sillage comme le considérait Machado sinon, avec une trace, dans une vision moins sombre, moins dépressive, relativement plus partagée... En écho à ma relation de voyage à Madagascar, mon père a parcouru les douze pages d'une revue Atlas sur la guerre russo-japonaise 1904-1905, texte, photos, caricatures de « L'Assiette au Beurre » (fév. oct. 1904), fac-similés « Le Petit Journal » (samedi 9 avril 1904), « La Presse » (jeudi 4 août 1904), « Le Figaro » (mardi 30 mai 1905, « Le Matin » (vendredi 9 juin 1905), sans rien trouver sur Nosy Bé (1). 

Papa, je te rends la parole : 

« [...] Nous avons mangé plusieurs fois des châtaignes du bord de la route. Finalement, il y en avait peu de mauvaises. Comme nous n'avons plus de « padena castanhièra » (orthographe savante), nous les avons mangées bouillies. Suivant les conseils de tante Adeline de Pézenas — la mère d'Etienne — qui nous avait raconté comment, dans sa jeunesse, on préparait “ lous castagnous ” (graphie savante “ castanhons ”) sur des claies alignées le long des murs d'un cabanon spécial au centre duquel se faisait le feu, avec du bois sélectionné à cet effet ; suivant ses conseils, donc, je partageais d'abord la châtaigne bouillie en deux, ce qui évite, si elle est mauvaise, de l'éplucher ! 

[...] Nous étions à la clinique pour ma maculopathie ; la secrétaire nous a conduits : 

« M. Dedieu, je vous ai eu pendant deux ans comme professeur de français et je suis même venue à l'initiation au russe, ce sont de très bons souvenirs. » 

Je lui ai demandé son nom, du moins son nom de jeune fille : Huc, ce qui a facilité ma recherche. Dans mes “ Carnets de bord ”, je lis, classe de cinquième IA, après Hérail Christophe, Huc Martine, de Saint-Marcel, du 11/2/1962 de parents viticulteurs, avait obtenu les encouragements, une “ bonne ” élève. Après des achats à Continent nous sommes rentrés. Pour l'instant l'alerte est passée et je vois assez bien l'écran pour continuer ma lettre. 

Avant-hier, à la sépulture, Jackie (2) (sic) a pu venir. Son pied droit est encore bandé, mais la chair remonte, il n'aura pas besoin d'une greffe. Ses brûlures un peu partout ont été causées par la ligne électrique tombée sur le fourgon. Il a bien failli finir électrocuté dans cet accident, d'avoir pu être éjecté (il n'avait pas la ceinture) l'a sans doute sauvé : volant et tableau de bord touchaient le siège après cette terrible collision ! 

Je vais manger avant de continuer pour te dire par exemple  : Verdun que tu dois connaître a vendu sa maison à Saint-Pierre pour acheter  à Fleury celle de Georges Bonnet récemment décédé. A plus tard, bon appétit. (à suivre) 

(1) au sujet d'une « Baie des Russes ». 

(2) Jacky, mon pauvre cousin (1952-2007), alors rescapé, décédé suite à un accident de chasse, consécutif peut-être à un problème de santé.