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samedi 31 mai 2025

Les BŒUFS de TRAVAIL, lo BESTIAL de TIRA (1)

Parce qu'un homme nous a quittés trop tôt (Sébastien Saffon [1974-2025]), parce qu'il avait le souci d'un passé contribuant à un présent valide, parce que considération et conscience pour les animaux nature, d'élevage, de compagnie, reviennent au respect de toute forme de vie côtoyée et aussi de la personne que nous devrions être, parce que même passif, je reste solidairement complice de la cruauté, de la bêtise spécifiques à notre espèce, parce que j'ai aimé Lami, le trait breton de mon grand-père, parce que j'ai gardé, le souvenir magnifique de la vache vive, curieuse, au port de tête auguste, aux beau yeux sans doute sous son moscalh (je suis long mais les petits vieux de Nescus dans l'Ariège, qui labouraient le champ de patates avec, généreux, ouverts, si heureux d'être encore autonomes, de faire venir le cochon, valent admirablement mon évocation maladroite pour un tableau vivant de Millet (1) [promis, je récupèrerai les diapos un jour ! ]) ; enfin, parce qu'il me faut continuer à expier mes crimes avérés envers les oiseaux, plus tard les petits chats, sinon accidentels...   
Ces aveux coûteraient-ils beaucoup, attendu que (autant en arriver à un réquisitoire) les animaux dits domestiqués (un terme à trop forte connotation d'emprise) ont accompagné la marche de l'Homme dans la cohabitation puis vers la domination du milieu jusqu'à en abuser et finalement, à force de folie captatrice, se retrouver en danger d'autodestruction, en raison de tout ce qui précède, un besoin me commande de parler plus généralement et plus concrètement à cause de la proximité audoise du Lauragais, des bœufs de travail. 

joug3 1850-1925 Musées départementaux de la Haute-Saône under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license..jpg photo Monnin Jacques. Une forme a priori des plus rudimentaires plutôt pour des vaches dirait-on. 

Encore à l'origine de cette quête « J'ai deux grands bœufs dans mon étable... » (2) (à suivre) 

Toulouse-Lautrec_-_DEUX_BŒUFS_SOUS_LE_JOUG, Domaine public. Étonnant chez Lautrec qui nous a plutôt habitué aux excès des soirées parisiennes... 



(1) Mais chez Jean-François Millet et ses tableaux de pauvres paysans, les attelages de bœufs n'apparaissent pas. 

(2) chanson de Pierre Dupont (1821-1870), poète, chansonnier à Paris, estimé par Auguste Fourès. À Lyon où il revient après avoir perdu sa femme et le bonheur, malgré les amis voulant lui rendre le goût de vivre, il meurt à 49 ans... Sa vie contredit quelque peu les paroles de sa chanson où la vie des bœufs est préférée à celle de l'épouse. Une rue porte son nom, non loin de l’École Normale à la Croix-Rousse, qui m’accueillit en septembre 1971. 
Les bœufs ont une espérance de vie entre 15 et 18 ans. Adultes, ils pèsent entre 700 et 800 kilos. Petit détail physiologique, leur propension à se coucher du côté gauche fait que le rein est plus gros et plus chargé de graisse que le droit. 
De caractère ils peuvent être rétifs, peureux, furieux... Dans ce dernier cas, une castration tardive a une incidence certaine sur la docilité ; cette ablation est subie entre six et douze mois ; trop tôt, cela nuirait au développement physique, trop tard  cela influe sur un caractère difficile demandant plus d'efforts. 

PS : toute participation à bon escient ne peut être que bienvenue. 

dimanche 12 mars 2023

PAYS de SÉROU ou PAYS SÉRONAIS ? (1)

 VERS LE PAYS SÉRONAIS.

Entre Foix et Saint-Girons, sur 44 kilomètres, la transversale Perpignan-Bayonne, ancienne nationale 117, longe les Pyrénées ariégeoises avec le Massif de l’Arize, déjà le Couserans comprenant au moins trois chaînons supplémentaires jusqu’à la ligne de partage des eaux avec l’Espagne, des crêtes au-dessus de 2500 mètres d’altitude et des cols à plus de 2000 m., le moins haut étant le Port de Salau à 2087 m..

A l’entrée de La Bastide-de-Sérou, il faut prendre à gauche, suivre et remonter la vallée de l’Arize. 

PAYS DE SÉROU ?

On lit « Sérou » pour La Bastide-de-Sérou, Esplas-de-Sérou, Sentenac-de-Sérou pour indiquer que nous sommes dans le Séronais, peut-être l’ancien pays des Sérones, des Celtes, des Gaulois. Par la lignée paternelle, ma famille directe descend de Montagagne, canton de La Bastide-de-Sérou.

Nescus :  A Nescus, en 1976 ou 1977, un vieux paysan labourait encore avec une vache au port de corne fringant, joliment voilée sur les yeux d’un « pare-mouches » aux couleurs vives d’un rideau de coton espagnol, de ceux qui fleurissaient l’été, chez nous, manière de laisser la porte ouverte et de favoriser le courant d’air. Une vache pleine de curiosité pour l’intrus à l’appareil photo, de bon accueil et comme complice de ses compagnons humains, des petits vieux restés alertes, si vivants. Oh ! comme ils le dirent avec gourmandise et non sans un brin de solennité, que chaque année ils engraissaient encore le cochon... Oh ! j’ai déjà raconté ça, pardon. C’est la moyenne montagne mais Montagagne est déjà à près de 800 m, deux fois plus haut presque que Nescus en bas dans la vallée. Nous y étions déjà passés, à l’occasion d’un périple à Lourdes, pour compenser auprès de ma grand-mère devenue veuve, manière de remonter aux sources de papé, de donner corps aux terres que les aïeux, du côté des hommes, avaient dû quitter à la fin du XIXe siècle. L’école abandonnée avec encore une carte Paul Vidal de La Blache au tableau, les tombes du cimetière sans fleurs sinon celles en perles-de-verre des couronnes, dans les gris et les mauves, du cimetière, fanées qui plus est par le temps et les intempéries. Un autre couple de l’endroit, encore en forme, ouvert et hospitalier, les a menés dans le pré jadis de la famille... une verdure offrant un joli point de vue avec, en prime, la féerie de plusieurs centaines de papillons bleus. Dire que la moitié des papillons des prairies a disparu en 20 ans et que nous ne voyons rien, ni du mal, ni de la réaction susceptible d’y remédier... Au-dessus de toutes ces ailes bleues, le sentier vers le col des Marrous, la montagne de l’Arize.  




Nous sommes revenus à Montagagne, justement cette fois de 1976 ou 77. Les paysans de 1968, ceux du pré aux papillons, nous ont accueillis presque comme la famille, ils nous ont même gardé à manger... Ah qu’est-ce qu’on a pu bavarder et rire ! Et dire qu’il ne me reste plus que le souvenir de cette belle rencontre, comme avec les vieux de Nescus à la vache si coquette. On n’apprécie pas ces choses-là à leur juste valeur, au moment où elles passent. (à suivre)

mercredi 13 décembre 2017

DU COCHON A LA VACHE



C’est le coup de gueule d’Arnaud Daguin sur l’élevage à la chaîne et pour rien de bon des cochons qui m’a lancé sur ce rituel de l’abattage, cette fête du cochon des tartufes que nous sommes. Depuis Laval, près de Quillan, avec Monsieur Reverdy, nous avons rayonné à Lavelanet avec Madame Tricoire, à Sorgeat avec des chroniqueurs qui ont bien du mérite à honorer la vie d’antan. 

J’ai gardé aussi en mémoire le sourire ravi d’un pépé de Nescus près La-Bastide-de-Sérou, encore en Ariège. Fin août, 1977 peut-être. Avec sa femme : ils arrachent des pommes de terre, à la charrue. Je me suis arrêté pour tirer le portrait de la vache, si coquette avec son cache-yeux rouge-blanc-jaune comme ces rideaux de cotons noués, frangés, montés sur les seuils de nos maisons vigneronnes, contre les mouches aussi, avec la chaleur. 


Sur les bords de l’Arize, en bas des reliefs (500 – 750 mètres), c’est déjà une lumière de fin d’été, estompée même, en cette fin d’après-midi. Calme, immobile, prenant la pose, la vache me fixe, pauvre touriste qui prend la photo. Nous échangeons quelques mots. Il est cordial, enjoué, si content de rentrer ses pommes de terre : « C’est qu’on élève le cochon ! Pas vrai mémé qu’on fait toujours le cochon ! ». Il veut partager ce bonheur avec sa vieille plus loin, il veut qu’elle confirme ! Courbée, toute à son travail, à décoller la terre sur les patates, elle se tourne à peine mais hoche un visage tout rayonnant, en réponse à l’allégresse du vieux. Ils sourient aux anges, ces deux, tels des enfants parce que le père Noël est passé ! Ils sourient aux jambons, aux saucissons pendus, au lard qui viendra si bien assabourer (1) la bonne soupe aux choux de l’hiver ! 

Ce souvenir m’habite depuis ce temps. J’ai d’abord ri  parce que leur malice m’a fait penser à ce conte de la vieille accrochée au petit vieux lui-même arcbouté sur une betterave géante difficile à arracher. Avec les années, le sentiment s’est fait plus profond. C’est beau, c’est grand, en effet, cela nous dépasse, cet hymne à la vie, ce défi à la mort de deux êtres unis depuis si longtemps, pleins d’allant tant qu’un nouveau jour voudra bien succéder à celui qui s’efface. 

Et je les vois toujours, ces deux, sortis d’une toile de Jean-François Millet avec, dans le moment crépusculaire, Victor Hugo pour réciter combien « ils doivent croire à la fuite utile des jours… », à la ronde des saisons. En musique de fond une joie qui demeure… 


En partant du cochon, j'en arrive à me demander comment s’appelle cette coquetterie si utile sur les doux yeux de vache. Il y a des années que je cherche, malgré l’Internet. Et ce matin, même si je ne sais toujours pas, sur l’écran, des cache-yeux sur des attelages de bœufs. Devinez où ? à NESCUS, petit pays perdu d’où viennent mes aïeux, de Montagagne pour être exact !


Celui qui travaille avec des chevaux, des mules, des bœufs s’appelle Olivier Courthiade. Poète, paysan, il doit jouer Franz von Suppé comme il pratique l’autre piano pour une cuisine vraie. Et, vous avez entendu sur la video ? Parlo occita ! Il parle occitan !

Travaillait-il déjà à la ferme vers 1977 ? Qui sait s’il les a connus mes petits vieux de Nescus ? Je lui porterai les diapos et du rouge du Bas-Pays !
      
(1) Assaboura = donner du goût, assaisonner

Crédit diapos de mon pauvre papa, François Dedieu : Montagagne, printemps 1968.