dimanche 30 novembre 2025

« Mon VILLAGE est LOIN... », cap sur l'AFRIQUE (9)

 « Cap sur l'Afrique » oui mais via Amsterdam comme il est arrivé, que ce soit par London ou Milan. Remarque annexe : je quitte un pays de narcotrafic pour un ex-pays de narcotrafic, donc c'est qu'on peut en sortir, question de volonté politique, Vive la France ! Question commodité : nous n'avons pas à sortir de l'appareil. rien vu des moulins, des champs de tulipes, des chalands sur les cours d'eau, de toute façon, j'ai déjà dû raconter ça quelque part et puis, il fait déjà nuit...  

Et l'avion se remplit, c'est que depuis Nairobi, les lignes rayonnent sur toute l'Afrique... Moins de Français sinon pour la France de Mayotte ; en veilleuse la Françafrique de Foccart à Denard... aussi recommandables, les Wagner ont poussé à nous mettre le pied au derrière... Bon, il est vrai que nous nous employons en plus humain, en apparence au moins ; Bob Denard, le mercenaire de tant de coups tordus n'a pas fini comme Prigojine. 
Une équipe montée à bord change les housses de coussin, le papier tissé du repose-tête et dispose les couvertures sous plastique. 

Boeing 787-8, environ 240 personnes à bord... 


Deux séniors prennent place en D et E, ça fera trois avec moi. Combien de temps l'escale ? Il est loin le temps du hublot pour voir le plus possible, où tout était noté, horaire, vitesse, altitude, progression, caractère... et physique des hôtesses. Après, à l'estime, 90 minutes, décollage. À tripoter son écran tactile, le monsieur à côté a la bougeotte ; à s'impatienter ainsi, en langage de signes, il me prend à témoin : rien dans les écouteurs... de là à en déduire qu'il sait que nous ne sommes pas des as en langues étrangères... de fait, en lui indiquant la prise en bas de l'accoudoir j'ai dû dire “ mouve the contact ” au lieu de “ muve ” pour le “ o ” de “ move ”... quoi qu'il en soit des rogatons de la scolarité, les broches sont branlantes, le problème est possiblement là. Pour le Batave rien n'y fait ; il appelle le steward qui lui change le casque ; il va le rappeler, l'autre ne saura plus visiblement que faire ; à force son affaire d'État se retrouve résolue. Bof, des films à la noix, plus de jeux, de sudokus, autant suivre le vol par les Alpes suisses, la côte adriatique italienne puis comme un évitement de l'Afrique, de la Libye de Kadhafi, Guéant qui sortait pas un rond de son compte tant il avait du black à fourguer, Hortefeux des pieds-nickelés de Sarko, le prisonnier qui sort le bouquin des ses vingt jours de goulag... chapeau bas, nous n'avons que les politiques qu'on mérite... 

À chacun de s'appliquer la modération qui lui convient... 


Coupons, ils nous servent à manger. Alors là j'ai noté, la dînette est bonne, en principe. Crudités à l'assaisonnement agréable, poisson sauce tomate accompagné de sa purée mixte patate douce, céleri rave et une verdure en déco, moelleux au chocolat, bière kenyane Tusker, la meilleure à ce jour, bien que, comparant à la Prazdroj, la Pils de Plzeñ, je reste précautionneux à l'encontre de ces marques changeantes sur le goût de leur produit, la Castle d'Afrique-du-Sud, elle, n'ayant pas de goût du tout, ce que, à voir ses grands gabarits et pas qu'au rugby, je ne comprends pas, à moins qu'ils ne soient que des buveurs de lait... (à suivre)


samedi 29 novembre 2025

« Mon VILLAGE est LOIN... », cap sur l'AFRIQUE (8)

« Mon village est loin, à l'autre bout du monde... », il chantait un truc comme ça, le pauvre Joe Dassin (dans le Sud, à propos de tous nos morts, on dit « pauvre » peut-être pour ne pas dire que ce sont les vivants qui se retrouvent toujours plus pauvres à chaque décès...).  

Ça y est, c'est psychologique, comme une ligne de partage des eaux. Tourné jusque là vers mon village que je quittais, à partir de Charles-de-Gaulle, le regard pointe en avant vers le petit bout d'île où je reviens dix-huit mois après et que je crains de revoir suite aux dégâts causés par Chido, le cyclone du 14 décembre 2024. 

Loin de ma vue désormais, le gaillard et le culotté, de mon esprit aussi, évaporés. Sans une minute à perdre, l'afflux soudain de voyageurs fait la queue à l'ascenseur ; involontairement j'arrive du côté opposé à la porte... sciemment à “ griller la priorité à droite ”, mon chariot passe parmi les premiers... Avant mes mœurs étaient plus policées, sinon je faisais passer l'épreuve de l'escalator à la pleine charge des deux valises. Pourtant, plus de deux bonnes heures de délai avant l'embarquement. 

Le grand panneau de l'état des vols. 
 

Niveau 2, l'aéroport, deux étages font passer de l'aiguilleur du rail à celui du ciel. Le grand panneau qui ne fait plus son queuleu queuleu mezza voce de crécelle d'avant, préside au centre, toujours aussi indispensable pour savoir où aller ; zut, en dernière colonne l'affichage en reste à 16h 20. Attendre. Patienter. À portée, encore un qui beugle au téléphone, autrement on voit sans le voir que les gens tracent vite ou traînent : du temps à tuer sans doute ; il y a même une consigne à bagages. Trois ou quatre lignes pour 16h 20, plusieurs encore pour 25, 30, 35... un défilé de 128 décollages ou retards et enfin, qui s'affiche, celui qu'il ne faut pas rater. 

Enregistrement. 

Tapis roulant empêché aux chariots : un peu de marche ne fait pas de mal, sportive presque, tant de parvenir à l'étape suivante rassure. Enregistrement. Des agents du bon déroulement n'ont pas à faire la police mais ne manquent pas d'appeler, de héler s'il faut, d'aider : cette dame encombrée de bagages ; à destination de Maurice, les comptoirs vont fermer. À côté une file s'ouvre pour Séoul, une dame du Matin calme me touche à peine et aussitôt s'excuse d'un sourire : une bienveillance à l'égard d'autrui à renvoyer aussitôt en partage. Pas d'excité alentour, pas d'énergumène, rien d'éructant, c'est chouette. 14h 30, la carte en poche, plus que trois choses en main, le renseignement en tête. Aussi, manière de souffler, il est temps de manger et boire surtout que les liquides seront confisqués au passage du scanner. 
Qu'est-ce qu'elle a dit l'hôtesse ? Longer ce terminal 2E, suivre à droite vers les ailes L et M. Pas très large le couloir d'accès laisse penser à un cadre plus intimiste. À tort : les longs serpentins d'accès au contrôle des passeports attestent que c'est souvent une foule même si à cette heure, ils sont vides et qu'on peut en courtcircuiter les méandres inutiles... il n'empêche, le préposé doit en avoir assez de répéter tant et tant de fois la façon d'appuyer le document, de se présenter sans couvre-chef et lunettes à la photo. Sans le béret donc. Encore des serpentins à courtcircuiter, l'agent du bon déroulement aiguille vers les deux rampes à scanner. Le bac pour l'ordi, le téléphone le passeport et la carte d'embarquement, un autre pour la veste, le béret, les chaussures ; pas de ceinture cette fois grâce au pantalon ad hoc ; à cause de la pile qui ferait sonner le portique, j'ai droit à une palpation en règle, zut, la montre j'ai oublié de quitter... sans conséquence. L'échelle à poissons du barrage anti-sel de chez nous me traverse l'esprit...  
Prendre la navette jusqu'à son terminus, traverser un vaste duty free pour ceux que ça tente, qui nécessitent de ne pas arriver les mains vides... en bon pignouf, j'ai des noix, des confitures, du café, de la crème de marron, du confit de figues, des maquereaux au vin blanc, des morceaux de foie gras, du non-périssable, hélas pas de packs de roquefort cette fois vu que les valises restent souvent en carafe plusieurs jours. 
Tranquille l'embarquement, peu de monde depuis la France. Qui sait à l'escale d'Amsterdam ? 

La cabine du 787, l'un des quelques avions agréables à voyager... 


Décollage. 1h 15 de trajet. En guise de bon accueil, un mélange de nuts et un jus de tomate.